Mais les rails de fer n\’offrent pas de garanties de durée suffisantes lorsque la voie est très-inclinée et doit résister à l\’usage réitéré des freins ou au passage fréquent de lourdes charges. Dans ce cas, on a recours aux rails d\’acier. Les progrès de la carrosserie et du charronnage, nous le verrons plus loin, sont contemporains des progrès apportés à la construction des chemins et des routes, et le degré de civilisation d\’un peuple est en rapport intime avec l\’état de ses voies de communication. Que l\’on considère les pays excentriques de notre Europe: la Russie, la Turquie, et, sans aller chercher si loin, l\’Espagne, dont nous connaissons les chemins par les récits de Théophile Gautier et les dessins de Gustave Doré, ne trouve-t-on pas les mêmes ornières à l\’esprit qu\’à la chaussée? Le chemin de fer a contribué à faire le dix-neuvième siècle. Sans lui, nous n\’aurions pas accompli ces progrès rapides que tout le monde admire.
Qu\’on ne se méprenne pas cependant sur l\’importance du rôle que peut jouer un chemin de fer et qu\’on ne le croie pas capable d\’opérer des transformations dans un pays qui n\’offre des ressources ni par l\’esprit ou l\’industrie de ses habitants, ni par la richesse ou la fertilité de son sol. C\’est pour avoir cru à la possibilité de semblables transformations que de nombreux chemins de fer, construits en pays étranger, n\’ont produit d\’autre résultat que la ruine de ceux qui les avaient construits, sans changer d\’une manière notable la face des pays déshérités qui en avaient été dotés. Nous ne nous arrêterons pas, d\’ailleurs, à cette question économique qui nous ferait sortir de notre sujet et n\’a d\’ailleurs rien que de très-facile à expliquer.